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Photo du rédacteurAudrey KG

Si, les inégalités de genre existent aussi dans le milieu scientifique

Dernière mise à jour : 30 mai

Aujourd'hui, j'ai entendu dans mon bureau deux collègues, une femme et un homme, se plaindre des contraintes imposées sur le genre dans la constitution de certaines équipes ou attribution de fonctions. Je résume : "Non mais je comprends pas qu'on nous impose ça. En science, on ne fait pas de discrimination de genre, enfin je veux dire, on sait que ça existe ailleurs, mais on voit bien que ce n'est pas le cas chez nous ..." (à peine sous-entendu : "nous, on est plus intelligent·e·s que les autres")



Il est vrai que les Sciences de la Vie, la Médecine ou encore la Psychologie sont des domaines scientifiques que les femmes ont investis avec (plus ou moins de) succès.

Mais ne nous y trompons pas ! Au cas où vous seriez tenté·e·s par le discours de mes sympathiques mais néanmoins mal informé·e·s collègues, reposant sur une collecte de données de type doigt mouillé avec variables contrôlées au pifomètre, voici quelques études sur le sujet (liste loin, loin, loiiiiiiiiiiiiiiiin d'être exhaustive) :


Gardons donc tout cela en tête : la science n'est pas protégée du sexisme, pas plus que l'université. Et aussi : être une femme n'immunise pas contre le sexisme. Et encore : ne pas être soi-même victime de sexisme n'est pas un argument recevable pour nier l'existence du sexisme (de la part de scientifiques qui connaissent les notions d'échantillon, de statistiques etc., c'est d'ailleurs un peu fort de café, comme argument). Ne pas "voir le genre" n'est pas une solution pour combattre le sexisme, c'est au contraire une posture très pratique permettant d'occulter le problème - de meme que "ne pas voir les differences" en général est très pratique pour ne pas voir les problèmes, et les changements necessaires.


 

J'ai commencé récemment la lecture d'un super bouquin : Comment être antiraciste, par Ibram X. Kendi. Extrait :

« Le contraire de "raciste" n’est pas "pas raciste". C’est "antiraciste". […] Quel est le problème avec le fait d’être "pas raciste" ? C’est une affirmation de neutralité : "Je ne suis pas raciste, mais je ne suis pas non plus agressivement contre le racisme." Il n’y a pourtant pas de neutralité dans la lutte concernant le racisme. […] Soit on soutient l’idée d’une hiérarchie raciale en tant que raciste, soit celle d’égalité raciale en tant qu’antiraciste. Soit on croit que les problèmes trouvent leurs racines chez des groupes de gens, et on est raciste, soit on situe les racines de ces problèmes dans le pouvoir et la politique, et on est antiraciste. Soit on permet aux inégalités raciales de se perpétuer, et on est raciste, soit on combat les inégalités raciales, et on est antiraciste. Il n’existe pas d’entre-deux. » Ibram X. Kendi, Comment devenir antiraciste

Sur la question du racisme, la neutralité n’est pas une option : tant que nous ne nous impliquons pas dans la solution, nous faisons inéluctablement partie du problème. Je suis convaincue que pour le sexisme, c'est pareil. La neutralité n'est pas une option : se proclamer "non sexiste" n'est pas suffisant pour être le contraire de sexiste.

En bonus n°2 : une petite sélection d'ouvrages pour s'éduquer à propos du racisme.

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